Pour relancer le débat que je souhaite constructif, je me permets de citer quelques passages de la chronique de Rima Elkouri « Démagogues s’abstenir », du journal La Presse de mercredi dernier au sujet de la publication du « Manifeste pour un Québec pluraliste ». Débat qui d’ailleurs prend un virage inquiétant, des mots mêmes de la chroniqueuse, des auteurs du manifeste et avec lesquels je suis d’accord.
« C’est de ce constat qu’est né le Manifeste pour un Québec pluraliste. […] ce manifeste met de l’avant une vision ouverte de la société québécoise malheureusement souvent éclipsée dans les récents débats.
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« Pour Daniel Weinstock, le plus inquiétant, c’est le ton qu’a pris le débat. Il y a une violence dans ce ton, note-t-il. Et pas seulement dans le «far-west de la blogosphère», mais aussi chez certains commentateurs dans les médias. Plutôt que de s’en tenir à un débat d’idées, on tombe malheureusement très facilement dans la caricature, l’invective et les procès d’intentions. Il faut donc tenter d’assainir le débat, dit-il avec raison.
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« Ces discours inquiétants, note M. Weinstock, ressemblent à ceux entendus à d’autres époques sur l’impossibilité d’intégrer les Irlandais, les Chinois ou les Juifs. «L’histoire nous enseigne que l’on a toujours tort quand on condamne toute une communauté. Au Canada, on l’a fait plusieurs fois depuis le début de notre histoire. Et ce n’est jamais bon.»
« Pour Jocelyn Maclure, le plus inquiétant, ce sont d’abord et avant tout les possibles impacts politiques de ce débat qui dérape. Il y a d’un côté le Parti québécois, qui prépare un projet de Charte de la laïcité et qui flirte parfois avec un nationalisme plus conservateur, observe-t-il. De l’autre, le Parti libéral ne fait pas preuve d’un courage très impressionnant sur la question identitaire. «Il n’y a aucun leadership politique sur ces questions. On sait que ce sont des questions délicates. Les partis politiques n’ont pas envie de défendre des positions courageuses, impopulaires, mais qui devraient être défendues.»
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« Jocelyn Maclure croit que l’on fait fausse route en penchant pour une vision plus rigide et sévère de la laïcité. «Je ne pense pas que l’on ait besoin d’un outil juridique pour rendre le Québec laïque. Le Québec est déjà laïque. L’État québécois ne prend pas ses ordres d’une religion donnée, il cherche à être neutre par rapport à tous les courants religieux et séculiers. Avec notre charte des droits, on est déjà une société laïque sur le plan de nos institutions.»
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« Même s’il laisse bien des questions en suspens – notamment celle, toujours litigieuse, du port des signes religieux dans la fonction publique -, le manifeste des pluralistes a le mérite de proposer une troisième voie à ceux qui, comme moi, ne se reconnaissent ni dans la vision nationaliste conservatrice ni dans le discours des tenants d’une laïcité stricte. Et que l’on soit d’accord ou pas avec la vision proposée, il faut saluer l’initiative de ceux qui ont lancé ce projet. Le débat est trop important pour le laisser aux mains de démagogues ou de politiciens peu courageux.
« Il reste à espérer que ce manifeste ne soit pas enterré aussi vite que le rapport Bouchard-Taylor. »
(C’est moi qui souligne)
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