Hier soir, je revoyais le documentaire « James Nachtweay, War Photographer » du réalisateur Christian Frei. Photographe de guerre par excellence, Nachtwey ne laisse pas indifférent quiconque intéressé par ce type de photographies et ces questionnements.
Cela relance chez moi le débat sur le comment mais surtout sur le pourquoi devons-nous faire ces images. Pourquoi être présente lors de catastrophes humaines et documenter ces souffrances ?
Sur la couverture du DVD, un extrait de Nachtwey lance la question :
« Every minute I was there, I wanted to flee. I did not want to see this. Would I cut and run, or would I deal with the responsibility of being there with a camera? »
Le film se termine avec un entrevue de James Nachtwey qui nous raconte en anglais (je transcris les sous-titres français) :
« Pourquoi photographier la guerre ? Est-il possible, par le moyen de la photographie, d’éliminer un comportement humain qui a existé tout au long de l’histoire ? Cette idée peut paraître ridicule dans ses propositions. Mais c’est justement ce qui me motive. Pour moi, la force de la photographie réside sans ses facultés humaines. Si la guerre tend à détruire l’humanité, on peut concevoir la photographie comme la négation de la guerre. Donc, comme un ingrédient puissant dans l’antidote à la guerre.
« Quand quelqu’un assume le risque d’aller au cœur d’une guerre pour communiquer au reste du monde ce qui s’y passe, alors il tente de négocier la paix. Cela explique peut-être que les meneurs de guerre n’aiment pas les photographes.
« […]
« Si tous pouvaient vivre cette peur au moins une fois, ils comprendraient que rien ne justifie d’infliger de telles choses à un homme, et encore moins à des milliers.
« Mais tout le monde ne peut pas y être. C’est aux photographes d’y aller, pour montrer ces hommes, les arrêter, et pour prêter attention à ce qui se passe là-bas. Créer des images assez puissantes pour contrer l’effet diluant des médias, sortir les gens de l’indifférence. Pour protester et ainsi en amener d’autres à protester. »
Il reprend un peu plus loin pour terminer le film sur ces paroles – que je souligne :
« Le pire est qu’en tant que photographe, je profite du malheur des autres. Cette idée me hante. Chaque jour. Car je sais que si mon ambition et ma carrière devaient l’emporter un jour sur ma compassion, j’aurai vendu mon âme. Je ne peux justifier mon métier qu’en respectant ceux qui souffrent. C’est ce respect qui fait que je suis accepté par l’autre, et peux ainsi m’accepter moi-même. »
2 Comments
Excellent brief portrait of an excellent photographer
Bien d’accord avec toi Feroz…
Malgré la dureté des images que Natchwey nous montre, je crois, malheureusement, qu’elles sont indispensables…
Revoir le film sur lui, m’a aussi permis de poursuivre ma réflexion sur le métier que je fais comme photographe et / ou réalisateur caméraman…
À bientôt ¡compa!