Comme depuis maintenant une semaine, les nouvelles de la révolte de la rue au Caire et ailleurs en Égypte se succèdent dans les médias. Je tente de suivre attentivement. Je vais quotidiennement lire Robert Fisk dans The Independent qui commence son reportage « How much longer can Mubarak cling on? » avec les paroles d’une manifestante:
« The old lady in the red scarf was standing inches from the front of am American-made M1 Abrams tank of the Egyptian Third Army, right on the edge of Tahrir Square. Its soldiers were paratroops, some in red berets, others in helmets, gun barrels pointed across the square, heavy machine guns mounted on the turrets. « If they fire on the Egyptian people, Mubarak is finished, » she said. « And if they don’t fire on the Egyptian people, Mubarak is finished. » Of such wisdom are Egyptians now possessed. […] ».
Toutefois, Tewfik Aclimandos, chercheur au Collège de France et spécialiste de l’histoire de l’Égypte, interviewé par Libération, ajoute :
« Mais si les Égyptiens continuent à manifester, l’armée sera contrainte soit de sacrifier Moubarak, soit de tirer dans la foule, et elle ne veut ni de l’un ni de l’autre. […] », « Le peuple égyptien dominera-t-il sa peur ? » dans Libération (ou dans Le Devoir de ce matin).
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De plus, ce matin un extrait d’un poème de Mohammed Afifi Matar, poète égyptien décédé il y a quelques mois au Caire, retient mon attention. Je cite l’article « La poésie méditerranéenne dans la rumeur des langues » de La république des livres blogue de Pierre Assouline du Monde :
« (…) et sur l’autre rive les soldats du roi cruel aiguisaient leurs lances/ Entre nous le fleuve de la maternité/ le sevrage, entre nous la terre des humiliés, le temps des monarchies, les mamelouks du sang/ unifié, le pain de cuivre/ et l’histoire des prisons/ Et moi ! Ah de la haine –je lance un pont pour qu’ils me tuent/ pour que le fleuve de sang rejette les poissons de tous ces meurtres/ je me retiens j’attaque/ lance un pont pour qu’ils me tuent/ afin de laver mon visage/ et d’apprendre la violence de la nage dans le fleuve de mon sang (…)
La tête coupée par l’épée je la prendrai et m’en irai/ loin du royaume de la peur/ des terres des mamelouks du sang unifié/ dans les cavités de ma tête je plierais le tapis de la terre/ construirai, habiterai/ une patrie, dévoilerai les trésors de ses gravures sanglantes/ chasserai le monde, effacerai la chronique de la voix, l’argile de la mort, les épines de l’alphabet (…) »
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