Hier matin le New York Times rapportait ce que le Président américain a dit au lendemain de son conseil de guerre sur les suites à donner avec leur engagement en Afghanistan : “It is my intention to finish the job.” Il n’a toutefois pas défini comment il allait évaluer si le travail est terminé. Alors, avec l’annonce de l’envoie de troupes supplémentaire qu’il devrait faire la semaine prochaine, sera-t-il en mesure de nous dire quels sont ses objectifs ?
Il est à se demander si dans sa sa décision il prendra en considération les craintes de son représentant à Kaboul rapportées par Le Monde diplomatique: « Dans une lettre rendue publique par une « fuite », l’ambassadeur des États-unis à Kaboul Karl Eikenberry, ancien commandant des troupes américaines en Afghanistan (en 2006-2007), a fait part de ses doutes sur l’envoi de soldats supplémentaires dans ce pays, notamment en raison de la corruption du président Karzaï. » («Afghanistan, les doutes de l’ambassadeur », Le monde diplomatique, vendredi 13 novembre 2009)
Parce qu’il sera souhaitable que le nouveau prix Nobel de la paix soit en mesure d’arriver avec une autre solution que celle uniquement militaire que lui propose ses conseillés. Toujours dans le Monde diplomatique de novembre, William R. Polk, ancien membre du Policy Planning Council, aussi professeur d’histoire à l’Université de Chicago et auteur, notamment de Violent Politics, a History opf Insurgency, Terrorism & Guerrillla war, From the Americain Revolution to Iraq, écrit dans son article intitulé « Les leçons oubliées du Vietnam » (L’article n’est toujours pas en ligne) :
« Reste, l’intervention de l’Armée américaine : s’il est certain qu’avec une force de frappe supérieur, les États-Unis gagneront toujours les batailles d’importances, les insurgés ne disparaîtront que pour mieux reparaître. […] »
Il poursuit : « Ainsi, cet engagement pourrait s’avérer aussi fatal pour l’actuel président que le Vietnam le fut pour Lyndon Johnson. Pourtant, M. Obama a décidé de « maintenir le cap » en présentant l’Afghanistan comme un berceau du terrorisme – ce qui est faux. C’est l’action militaire américaine qui favorise le terrorisme (particulièrement depuis l’extension des opérations au Pakistan, en Somalie et en Irak), la meilleure recette pour accroître le danger restant le bruits de bottes sur le terrain. Les terroristes n’ont pas besoin de l’Afghanistan, enclavé et mal desservi sur le plan des transports et des communications : les attentats du 11 septembre ont été lancés depuis l’Europe, et les terroristes peuvent opérer de n’importe où. […] »
Parce que l’on veut toujours oublier ou ne veut comprendre que – je cite toujours le professeur W. R. Polk : « Les Talibans et Al-Qaida obéissent à des logiques très différentes, mais cette distinction demeure confuse dans bien des esprits. Les premiers forment une organisation politique nationale, un véritable gouvernement intérieur en exil qui s’appuie sur un leadership traditionnel et sur une ethnie dominante ; Al-Qaida fait le lien entre des hommes et des femmes installés en divers endroits du globe et agissent seuls, sans commandement central – M. Oussama Ben Laden n’étant pas leur général mais leur gourou. Leurs objectifs diffèrent.
« L’usage de la force peut se révéler dangereux pour une société américaine comme pour son système politique et juridique. C’est pourquoi la prudence s’impose quand on avance sur le fil ténu qui sépare la volonté de sécurité du totalitarisme. » (C’est moi qui souligne)
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Mourir pour Steven Harper ? – Je vous reviens avec un autre article dans les prochains jours.
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