Au lendemain de la manifestation annuelle pour dénoncer la brutalité policière, soit quelques mois après la mort du jeune Villanueva tué par la police en août dernier à Montréal, il n’est pas surprenant de lire les manchettes dans les journaux. À quoi s’attendre d’autres que des images et titres faisant état de débordements des jeunes manifestants ?
Mais pourquoi ne nous interrogeons-nous pas plus sur le travail et les méthodes des policiers ? Poser ces questions, ne signifie pas nécessairement que nous endossons les écarts de certains manifestants.
Bien entendu, lors de manifestations comme celles-là, on peut s’attendre à certains débordements. Mais comment peut-on expliquer et comprendre les méthodes de la police ?
Dès le départ, les policiers ont annoncé que cette manifestation était en fait, un attroupement illégal. Alors s’ils voulaient provoquer la grogne, voire même des excès de colère des manifestants, ils ne se seraient pas pris mieux.
La journaliste de La Presse, Michèle Ouimet, elle-même prise en étau par l’escouade antiémeute, écrit :
« Quand je suis descendue du taxi hier, vers 17h, au coin des rues Bleury et Sainte-Catherine, j’ai vu des manifestants courir vers l’ouest. Ils fuyaient la police, qui fonçait sur eux.
Un policier s’est rué sur moi et m’a brutalement jetée par terre en hurlant. Il avait un casque, un bouclier, une matraque et une veste pare-balles. Moi, j’avais mon calepin de notes. […] » (Michèle Ouimet, La presse, 16 mars 2009)
Tout de même incroyable !
Mais pourquoi de tels agissements ? Avons-nous affaire, à Montréal, à un corps policier professionnel et responsable qui devrait rendre des comptes à la population ?
Dans l’édition de samedi et dimanche du Devoir à Montréal, le journaliste Brian Myles interviewe un chercheur et professeur de science politique de l’Université du Québec à Montréal, Francis Dupuis-Déri, qui explique que :
« Il y a des situations où les policiers vont tirer avantage à ce qu’une manifestation dégénère. Ça peut détourner l’attention des arguments critiques du mouvement de contestation, puisqu’on va juste parler des gestes de turbulence dans les médias. Ça peut également faciliter les arrestations, et c’est certain que tant que la manifestation n’a pas dégénéré, les policiers ne peuvent pas faire ces arrestations. » (Brian Myres, Le devoir, samedi 14 mars 2009)
N’est-ce pas, en quelque sort ce qui s’est passé hier ? Nous ne le saurons certainement jamais, parce que ces questions sont trop souvent occultées.
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