Ce matin, je voulais annoncer sur mon blogue ma participation à une table ronde dans le cadre des RIDM sur le projet Pib sur lequel je travaille. Mais à la lecture du journal La Presse, j’ai décidé de changer de sujet. (J’y reviendrai.)
J’y apprend que le réalisateur Patric Jean sera absent de la classe de maître « Patric Jean, cinéaste de l’indignation » qu’il devait animer au RIDM. Voici un extrait de l’article « Des disciples de Marc Lépine font fuir un réalisateur » de Anabelle Nicoud dans La Presse d’aujourd’hui :
« Invité par les RIDM à présenter La domination masculine, un documentaire pour lequel il a notamment interviewé plusieurs masculinistes québécois, le réalisateur belge Patric Jean a choisi d’annuler son voyage au Québec, a-t-on appris hier.
«Les raisons, elles sont très simples: depuis quelques semaines, on parle de mon film sur des blogues masculinistes. C’est normal, si ce n’est qu’on commence aussi à parler de milices armées. Les auteurs parlent apparemment à mots couverts de ce qui pourrait m’arriver si je venais ici», nous a-t-il expliqué.
L’un des blogues porte le nom de Marc Lépine. Il se présente comme un site de réflexion, mais certaines entrées n’hésitent pas à glorifier le tueur de Polytechnique. On peut y lire que le 6 décembre est le jour de la «Saint-Marc» («St-Marc’s Day»): «Ce jour a été établi pour le souvenir de la première contre-attaque contre les féminazies (sic) dans la guerre contre les hommes», écrit l’auteur du blogue.
«Tout est possible: ces types sont suicidaires, ils se comparent à Marc Lépine et il y a des appels au passage à l’acte», croit Patric Jean qui se dit aussi «inquiet» pour le Québec actuellement. «J’espère me tromper, mais je ne serais pas surpris de voir quelque chose de grave arriver.» »
Troublant !
Je poursuis en citant le programme des RIDM sur Patric Jean et son magnifique travail de documentariste :
« Patric Jean appartient à cette génération de cinéastes engagés qui, bien qu’armée d’une fibre dénonciatrice, ne cède en rien au style et à la recherche de formes singulières. En dix ans et quatre films, le documentariste belge trace son sillon sur tous les fronts de l’exclusion, de la domination et de l’injustice sociale.
[…]
La domination masculine (2009), présenté cette année aux RIDM, s’attache cette fois à l’oppression des femmes. Avec un discours plus pamphlétaire que jamais, et une démonstration implacable qui se construit à travers la France, la Belgique et le Québec, Jean attaque radicalement le sexisme des sociétés occidentales.
Ce cinéma de l’indignation, le réalisateur le crée par petites touches, par accumulation de figures opprimées, de personnages ignorés, de situations de domination. Il ne croit pas aux destins individuels : la tragédie est collective, elle est le produit d’un ordre social qui n’en finit pas d’exclure, mais refuse de regarder ses marges.
La classe de maître de Patric Jean, rendue possible grâce au soutien de la Délégation Wallonie-Bruxelles au Québec, sera animée par Édouard Mills-Affif, cinéaste et professeur de cinéma.
Charlotte Selb , Programmatrice RIDM »
*
Bien entendu, j’assisterai à la présentation de son film « La domination masculine », demain à 17h au Cinéma Parallèle. La présentation sera suivi d’une discussion qui aura lieu sans la présence du réalisateur. De plus, on me dit que malgré son absence, il participera à la classe de maître de cette après-midi par vidéo conférence.
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