Montréal – Mardi matin, dans certains quartiers de la ville, le trafic a repris. Le retour de l’essence sur le marché et les nombreux convois des casques bleus des Nations Unies dans le centre-ville ajoutés aux décombres qui encombrent partout, expliquent en partie la congestion sur certaines artères. Je crains que le chaos ne s’installe chaque jour davantage : avec tous ces étrangers qui arrivent chaque jours plus nombreux, les militaires, les convois armés…
Après cinq jours là-bas, deux mots me viennent : terrible et troublant.
Pour terminer, je me permets de citer de larges extraits d’un beau texte de Dany Laferrière, publié sur le site du Nouvel observateur à Paris.
« J’entends encore ce silence » par Dany Laferrière
« Le silence Je m’attendais à entendre des cris, des hurlements. Rien. Un silence assourdissant. On dit en Haïti que tant qu’on n’a pas hurlé, il n’y a pas de morts. Quelqu’un a crié que ce n’était pas prudent de rester sous les arbres. On s’est alors réfugiés sur le terrain de tennis de l’hôtel. En fait, c’était faux, car pas une fleur n’a bougé malgré les 43 secousses sismiques. J’entends encore ce silence.
[…]
« Le temps Je ne savais pas que soixante secondes pouvaient durer aussi longtemps. Et qu’une nuit pouvait n’avoir plus de fin. Plus de radio, les antennes étant cassées. Plus de télé. Plus d’internet. Plus de téléphone portable. Le temps n’est plus un objet qui sert à communiquer. On avait l’impression que le vrai temps s’était glissé dans les soixante secondes qu’ont duré les premières violentes secousses.
« La prière Subitement, un homme s’est mis debout et a voulu nous rappeler que ce tremblement de terre était la conséquence de notre conduite inqualifiable. Sa voix enflait dans la nuit. On l’a fait taire car il réveillait les enfants qui venaient juste de s’endormir. Une dame lui a demandé de prier dans son coeur. Il est parti après s’être défendu longuement. Son argument, c’est qu’on ne peut demander pardon à Dieu à voix basse. Des jeunes filles ont entamé un chant religieux si doux que certains adultes se sont endormis. Deux heures plus tard, on a entendu une clameur. Des centaines de personnes priaient et chantaient dans les rues. C’était pour eux la fin du monde que Jéhovah annonçait. Une petite fille, près de moi, a voulu savoir s’il y avait classe demain. Un vent d’enfance a soufflé sur nous tous.
[…]
« La révolution
Le palais national cassé. Le bureau des taxes et contributions détruit. Le palais de justice détruit. Les magasins par terre. Le système de communication détruit. La cathédrale détruite. Les prisonniers dehors. Pendant une nuit, ce fut la révolution. »
3 Comments
Salut Dominic,
Merci de partager ces quelques photographies et impressions
J’ai bien hâte d’entendre de vive voix tes réflexions sur cette expérience
Take care
Martn
Salut à toi!
On se revoit certainement bientôt.
Cioa
dominic
Merci Dominic.